
Le deuil est un processus difficile dans lequel la personne endeuillée revisitera et reconstruira sa relation à la personne disparue. 4 questions sur le deuil.
Pourquoi parler de « travail du deuil »?
Perdre un être aimé est indéniablement un traumatisme. Pour pouvoir accepter cette perte un processus psychique va se mettre en place et cela dans le but de nous permettre de récréer, à l’intérieur de nous, la relation avec la personne disparue. Ainsi conservée dans notre mémoire nous pourrons retrouver à nouveaux les autres.
Pourquoi parler d’étapes ?
Car ce processus de deuil passe par des paliers nécessaires. D’abord le choc, ensuite le déni (pour éviter la réalité douloureuse) et, dans un deuil dit « normal » la phase dépressive où la personne endeuillée va pouvoir revisiter sa relation avec la personne décédée. C’est une page extrêmement importante. Lors de celle-ci, il peut arriver qu’un deuil ancien soit réactivé. dans ce cas, la personne devra gérer deux deuils en même temps. Ce dernier cas de figure s’avère très douloureux et difficile à surmonter.
C’est lors de cette phase dépressive que un accompagnement thérapeutique est le plus bénéfique aidant la personne endeuillée à revivre la relation avec le décédé dans un cadre bienveillant.
Comment expliquer les sentiments contradictoires que l’on peut éprouver à l’encontre de la personne disparue ?
Il est tout à fait normal de ressentir des sentiments contradictoires à l’encontre de la personne décédée. Dans nos relations à nos êtres chers nos sentiments sont toujours ambivalents. Le deuil mets en lumière cette ambivalence car la personne endeuillée vit les sentiments de manière très forte.
De ce fait il est très courante de ressentir des sentiments hostiles envers la personne disparue (parce qu’elle n’est plus là, parce que elle nous a abandonnée, parce que nous n’avons pas eu assez de temps…) d’un autre coté on l’idéalise et on sublime des aspects de sa personnalité. Par ailleurs on culpabilise aussi : du temps perdu, des disputes, d’être, nous, vivant…
Tous ces sentiments apparaissent lors de la phase dépressive et sont nécessaires pour recréer la relation à l’intérieur de nous.
Quand se finit un deuil ?
L’envie d’être en lien avec son environnement l’envie de rencontrer d’autres personnes et de faire des choses sont des signes que la phase dépressive est finie. De plus il est courant que la personne endeuillée ressente une sorte d’injonction de vivre et de profiter de la vie venant « de la part de la personne disparue ». Aussi il est courant que personne endeuillée se donne comme mission d’accomplir quelque chose que la personne décède n’a pas pu faire ou de continuer une mission que celle-ci n’aurait pas eu le temps de finir.
Pour autant cette traversée laisse des traces indélébiles dans notre personnalité. Des aspects de la personnalité de la personne disparue font, désormais, partie de nous, ses valeurs et ses envies son là pour nous aussi. Parfois, un dialogue intérieur avec le décédé peut s’instaurer, par exemple un époux ou une épouse survivant à son conjoint se retrouve à consulter intérieurement celui-ci pour des décisions concernant les enfants.Egalement, vivre des événements que la personne disparue aurait apprécié, ou visiter des lieux qui lui aurait plu peuvent nous replonger temporairement dans la tristesse. Le « monde » que nous avons partagé avec la personne décédée reste vivant tant que nous sommes vivants.
Quelques observations sur le processus de deuil, Otto Kernberg.dans L’Année psychanalytique internationale 2011/1 (Volume 2011), pages 153 à 175 Éditions In Press
Le travail du deuil, Patricia Welnowski-Michelet. Thèse en sciences de l’éducation, 2004 . La Sorbonne. Paris V